L’AFFAIRE de THILLA
linkLe nationalisme Algérien est un phénomène de caractère universel, résultat d’une évolution naturelle, suivie par tous les peuples sortant de leur léthargie.
Le FLN est Fondé le 10 octobre 1954, Il a été créé à l'initiative du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA), en appelant à l'union de tous les partis et de toutes les forces politiques nationalistes pour la lutte de libération du pays.
La région des Beni-Yala, longtemps centre intellectuel arabo-islamique a fourni des Uléma connus pour leur savoir et leur haute culture. Ces intellectuels de la double culture, occupant de hautes fonctions dans les structures de l’état.
Aussi il n’y a pas événements saillants à travers l’histoire du pays auxquels ils ne sont pas mêlés toujours présents à tous les mouvements dominant l’activité politique du peuple Algérien. Présents dans l’association des Uléma, présents dans les parties politiques, la région profondément politisée subit tous les remous conséquents à l’activité de ces parties et mouvements. Lorsque des A.M.L connurent leur existence florissante, le peuple toute entier marcha la main dans la main uni derrière ses leaders. La division du mouvement entraîna celle des militants de la région. Chacun se rangea derrière la bannière de sont parti. P.P.A et M.T.L.D d’un coté, U.D.M.A, Uléma, Communiste et autres, de l’autre chacun, pour soi.
La situation dans la région était telle au déclenchement du 1er novembre. Mais, face à cet évènement le peuple sans distinction de tendance approuva avec enthousiasme cette initiative et chercha le moyen d’y participer les armes à la main.
Des éléments messalistes furent les premiers à installer un noyau de rassemblement à THILLA. Des jeunes de tout âge, décidés à s’enrôler dans les forces combattantes y adhérèrent. A l’exception des responsables, auteurs du mouvement, personne ne savait localement qu’il s’agissait d’un mouvement autre que celui de 1er Novembre. Se disant agir contre le colonialisme et du même bord que les Aurès. Ils attirèrent les jeunes enthousiastes armés ou non de fusils de chasse.
Peu à peu de nouveaux volontaires venus d’AGHBALOU, de SETIF, de BENI OURTILANE, etc… grossirent leurs rangs. D’autres, en plus grand nombre arrivèrent de France avec armes et bagages, En Octobre 1955, ils étaient plus de 400 dont les quatre cinquième étaient étrangers à la région.
L’A.L.N-F.L.N, localement, ne possédait pas que quelques petites unités combattantes commandées par SI HEMMIMI. Le gros de troupes opérait encore au niveau de LA SOUMAM sous la direction de AMIROUCHE, OUMIRA et bien d’autres. Mis au courant de la situation par SI HEMMIMI, AMIROUCHE décida d’activer sa marche vers le sud des BIBANS. Entre temps, SI HEMMIMI fut chargé d’assainir son secteur afin d’empêcher tout obstacle aux liens entre les AURES et La Kabylie.Mais SI HEMMIMI ne voulut pas user de la force parce qu’il savait si les responsables étaient conscient de leur actions déviationniste, la majorité des militants enrôlés ignorait tout des tendances existantes. Il fit donc appel à SI Cheikh YOUSSEF EL YALAOUI originaire de (CHREA Son vrai nom est Youssef LALOUI réctifié par notre ami le Natif) ou de FOUMLEL (BENI-YALA), militant, professeur de l’arabe dans une école libre à AIN AZAL (SETIF) dépendant du commandement des Aurès, pour l’aider à régler ce problème sans effusion de sang.
Les premiers contacts de SI YOUSSEF avec les dirigeants des opposants n’aboutirent à rien de positif. Parce qu’ils pensaient être suffisamment forts grâce aux nouvelles recrues de plus en plus nombreuses venant de France et d’ailleurs, pour s’imposer sur le terrain.
CHEIKH YOUSSEF fut menacé par l’incarcération ou la mort par ces opposants s’il ne cessait pas ces tentatives de conciliation. Cela ne l’empêcha pas de braver leurs menaces pour aboutir à une solution conforme aux intérêts de la révolution.
Prétendant être proches des dirigeants des Aurès. De MOSTAPHA BEN BOULAID en particulier, Si démentit leurs allégations en souffrant comme un guide à une délégation des leurs pour l’accompagner aux Aurès, rencontrer BEN BOULAID. Trois volontaires acceptèrent cette proposition : SI RABAH de AIN ROUA, ALI BOUREGAA, et AMAR NRDJAR de Sétif.
Arrivés à Boutaleb, ils furent pris en charge par les responsables locaux ALI NEMAR et MOSTAPHA REALI qui les acheminèrent à leur destination.
Si MOSTAPHA BEN BOULAID venait à peine d’arriver après sa fuite de la prison de Constantine. Il les écouta attentivement. Puis il leur exposa les événements historiques qui précédèrent le déclenchement du 1er novembre, la scission, la constitution du C.R.U.A, de l’A.L.N.F.L.N. par une équipe dont MESSALI était étranger. Celui-ci créa le M.N.A. bien après. Ce qui créa une confusion dans l’esprit de certains patriotes, confusion qui risque, si elle persiste d’encourager à la division des forces populaires et favoriser la victoire de l’ennemi. Il faut conclue-t-il renoncer à ce leurre de lièvre et rejoindre l’A.L.N.F.L.N.
Avant de se quitter, il chargea ALI NEMAR de demander à SI YOUSSEF et à SI HEMMIMI de persévérer dans leur mission de conciliation, et de lui faire un compte-rendu de leurs démarches.
Encouragé, à la fois par BEN BOULAID et par CHEIKH LARBI TEBESSI, SI YOUSSEF reprit des contacts avec THILLA.
La rencontre eut lieu le 5 et 6 décembre 1955 SI RABAH, l’un de ceux qui avaient rencontré BEN BOULAID, président de la réunion ouvrit la séance au nom de MESSALI. Ce qui prouvait que l’entrevue de l’AURÈS n’avait eu aucun effet. Aussi chacun demeura dans ses positions.
SI YOUSSEF se rendit ensuite à MEZIN (BENI-OURTILANE) pour rendre compte de sa mission à l’A.L.N.F.L.N. il y trouva une autre atmosphère, un autre état d’esprit, une compréhension intelligente des évènements chez tous les Djounouds présents à la réunion.
On lui conseilla de ne pas se décourager et poursuivre son objectif en dépit des difficultés présentes.
A la suite de ces deux contacts, Si YOUSSEF adressa un compte-rendu à BEN BOULAID, et lui demanda de désigner une délégation des AURES qui viendrait sur les lieux, peut être que le prestige de la région qu’elle représente aurait plus d’impacts.
Entre-temps SI YOUSSEF s’entretint avec MADANI OU KHERFELLAH (responsable militaire local de M.N.A), des événements historiques causes du déclenchement du 1er novembre, et de la position véritable des AURES. Il invita à se rendre lui-même auprès de Si MOSTAPHA BENBOULAID pour « s’abreuver à la source ». MADANI et un petit groupe de ses amis partirent avec SI YOUSSEF dans les AURES en passant par DJEBEL BOUTALEB ou ils trouvèrent un guide qui conduisit jusqu’au P.E.
MADANI rencontra SI MOSTAPHA. Il discuta longuement avec lui. Après un séjour de quelques jours, il revint convaincu de l’erreur de ses compagnons de THILLA et la véracité des arguments en faveur de la cause A.L.N.F.L.N.
Quand rendit compte de son entrevue avec SI MOSTAPHA et tenta de défendre les positions de L’A.L.N.F.L.N., il fut durement contredit par ses anciens compagnons M.N.A., au point que le soir, se sentant en danger il s’éclipsa à la faveur de la nuit, pour se rendre à ALGER ou il se rendit au F.L.N. il combattit dans les rangs de la Wilaya 4 jusqu’à l’indépendance.
Au début de Janvier 1956, la délégation des AURES composé de LAMOURI, MOSTAPHA REAILI, SALAH ABDESMAD, AHMED GADA, et SI YOUSSEF partit pour la KABYLIE. Ils passèrent par les MAADID, BORDJ BOU ARRERIDJ, aboutirent au village de BOUNDA (BIBAN) ou ils rencontrent AMIROUCHE et SI HEMMIMI. LAMOURI, porteur d’une lettre de SI MOSTAPHA destinée à KRIM demanda à voir celui-ci s’il est dans la région ou à se rendre là ou il se trouve. Il ne vit qu’après mission accomplie de THILLA.
Abordant la mission de conciliation de la délégation, AMIROUCHE se monta convaincu que le M.N.A. refusera toute concession et n’acceptera jamais de rendre ses armes à l’A.L.N.F.L.N. si ce n’est par la force. « Poursuivez votre mission, si vous le voulez-dit-il, mais souvenez-vous que seule le force les contraindra à disparaître ».
La délégation reprit le chemin vers les BENI-YALA accompagné par SI HEMMIMI et ses hommes.
A AIT LAALAM, à ISSOUMAR,à AGHDA-N’SALAH,à CHREA, partout, ils organisèrent des réunions le soir dans les mosquées avec la populations pour les éclairer sur la situation générale et les convaincre de l’erreur des opposants M.N.A. et inciter à rejoindre les rangs de l’A.L.N.F.L.N.
Des contacts reprirent avec les dirigeants M.N.A. de THILLA. MOSTAPHA REALI des AURES fit les premiers pas aux premiers contacts fut arrêté. Il ne fut relâché qu’auprès quelques heures de pour parler ou il fut décider une dernière rencontre.
SI BRAHIM qui présidait la réunion, après avoir entendu la délégation, soutint que MESSALI, et seul MESSALI fit déclencher le soulèvement du 1er Novembre et que dans les rangs de M.N.A il n’avait pas des Uléma genre SI YOUSSEF. C’était une provocation à la quelle personne ne répondit.
Impossible de trouver le moindre terrain d’entente, la délégation quitta les lieux. SI HEMIMMI les raccompagna jusqu’au P.C de AMIROUCHE. Celui-ci, mis au courant des résultats de l’entrevue, répondit qu’ « il s’attendait bien à cette position. On aurait pu régler ce problème il y a longtemps si SI HEMIMMI et SI YOUSSEF n’avaient pas tergiversé dans des contacts inutiles. L’un et l’autre pensaient gagner du temps dit-il pour empêcher une action directe contre ce nid d’opposants parce qu’il y avait parmi cette foule des gens de chez eux ».
En février 1956 AMIROUCHE muni de tous ses moyens fit attaquer de toute part les repaires adverses. Les combats durèrent plus de quatre heures. Beaucoup de morts, beaucoup de blessés marquèrent cette journée. MALIKA GAID fut requise par AMIROUCHE pour donner les premiers soins aux blessés graves en attendant d’être acheminés vers les infirmeries de la zone.
Le calme rétabli, la plupart des rescapés se mirent à la disposition de L’A.L.N interrogés par AMIROUCHE, ils affirmèrent ignorer l’appartenance du mouvement. Le premier installé dans la région, ils s’y ont incorporés strictement pour combattre l’ennemi.
AMIROUCHE reconnut, par la suite, la véracité de ces dires, il s’excusa auprès de la population réunie à GUENZET, puis à CHREA des doutes qu’ils avaient eu sur le penchant des uns et des autres.
Dés lors, les BENI-YALA, montrèrent qu’ils étaient patriotes, et qu’ils s’étaient engagés dans les rangs de la résistance partout ou ils se trouvaient : en France, sur le territoire national, dans toutes les villes, dans toutes les Wilaya, au sein de LA.L.N, au sein de l’U.G.T.A, au sein de l’U.G.E.M.A, ai sein des collectifs de défense, etc.… Des Harkis point, ou d’un nombre insignifiant souvent par dépit et des raisons personnelles.
Le nom des centaines et des centaines de martyrs figurent sur le fronton des monuments élevés en leur hommage dans chaque village et sur les listes des militants conservées aux chefs-lieux de chaque commune.
Bibliograhie :
"Les Beni-Yala" Mouloud Gaid,
Les déclarations de Cheikh YOUCEF YALAOUI