Patrimoine d’Ith Yaala

Publié le par tiguert

Préambule

 

Parce que notre patrimoine est unique, inimitable, irréversible, on se doit de le conserver. À l’heure où l’Algérie est à la réalisation de sa première campagne médiatique internationale dans l’optique de favoriser le tourisme, notre patrimoine est à jamais d’une importance capitale. Inutile d’argumenter la dessus, lorsque l’on voit la réussite des villes historiques. Citons simplement Paris et ses indénombrables monuments…

 


Mais avant d’en faire un attrait touristique, faisons-en un devoir, vis-à-vis de nos ancêtres, de nous et de nos enfants, notre village Taourirt Yakoub est en ruine………..

 

Monsieur BENADDOUDA maire de Guenzet à dit à ce sujet:

-      « J'ai été clair lors de mon intervention au séminaire organisé à Sétif. A mes yeux, 50 millions de centimes ne représentent rien. Il faut une intervention de l'Etat et un contrôle strict au niveau de la wilaya, la seule autorité pouvant prendre en charge le financement et éviter d'autres dégradations. Il est inconcevable qu'un citoyen de la région d'Alger ou d'ailleurs, pour pouvoir bénéficier d'une aide de l'APC, soit obligé de s'installer ici, alors que son village est sa deuxième demeure. Il faut l'encourager à venir et l'aider, car par sa présence il contribue à l'essor économique de la région. Il finira, d'ailleurs, par s'installer, même s'il vient deux à trois fois par an au début ».

-       

Monsieur Tikka d’Aith Yaala à dit :

-      « Certes que c'est dans un cadre organisé et structuré  qu'on peut débattre de la protection de l`architecture rurale kabyle.
et qu'on doit se comporter en tant que citoyens civilisés, que soit de notre part ou de la part des autorités locales ou nationales.
Pour cela, un état d`esprit des deux parties doit y régner.
Beaucoup d'études ont été réalisé sur le sujet mais malheureusement ils restent des lettres mortes au fond des tiroirs de l'administration.
Hélas, vu la négligence des propositions étalées par les chercheurs et étudiants, ces derniers convaincus de leurs recherches s`orientent vers des associations ou organisations, non pas nationales mais internationales afin de concrétiser leurs projets ou études.
Ce qui engendre de mauvaises interprétations de la part de nos responsables politiques esprit tribal...esprit de parti et esprit régional.
Certes, il y a des préoccupations et des priorités directs du citoyen qu`il faut prendre en charge, mais agir en perspective pour les sujets aléatoires, avant qu`il ne soit trop tard, surtout qu`il s'agit de patrimoine national.
A mon avis il faut attirer l'attention des concernes par le biais de nos associations crédibles.
A titre d'exemple: -identifier les maisons se prêtant le "mieux" a une opération de réhabilitation rurale traditionnel.
-établir un inventaire des maisons pouvant être insérer dans un projet qui va être élaboré.
-formuler des suggestions, élaborer un plan de travail.
-identifier et analyser du point de vue structural l'habitat kabyle, pour en arriver à mettre une typologie représentative de l'habitat kabyle.
-envoyer aux autorités concernées, pour une aide éventuelle de l’état....
Voila, ma modeste contribution à ce sujet ».

 

Mes salutations.
 Cordialement « tikka »

 

Monsieur CHATI Belkacem a dit :

 -      « a mon avis pour sauvegarder notre patrimoine, c'est le rôle des associations des villages en collaboration avec les autorités locales (APC), pour encourager les propriétaires des maisons à procéder aux réparations, et qui fixeront les modalités et les conditions de restaurations et de réparations des anciens constructions sélectionnées, en leurs réservant une aide financière, à ceux qui n'ont pas les moyens, bien sure».

 
Voici donc un article sur ce qui constitue, en partie, le patrimoine des enfants de Yaala. L'article est réparti en 5 parties :


Maison Naith Maati (MATARI)




Maison Ichekah (CHAOUCHE)



Maison Naith Ouméziane (MEZIANI et LAHMAR)

 

Anciennes Maisons nécessitant une restauration

 

Part 1 : Le patrimoine architectural : maisons typiques

Les Ith Yaala vivent en communauté dans des villages et leur habitat est essentiellement rural. Les maisons sont construites sur des lieux géographiques stratégiques : sommet d'une colline, pitons difficiles d'accès. Ceci, du à des raisons historiques, notamment de sécurité. De plus, depuis leurs villages hauts perchés, les villageois peuvent voir venir les ennemis de loin. Les maisons sont disposées tout autour de la mosquée et de la place du village.

Regroupées en villages, les maisons se font face ou sont construites côtes à côtes. Chacune d'entre elle est entourée d'une cour clôturée de buissons d'épineux, «afrag» ou d’un mur en pierres sèches. Celle-ci peut englober plusieurs maisons dont les chefs de familles sont de mêmes parentés (frères ou cousins). Dans cette cour se trouve "thakhamt n’tmess" ou "thintbekhth", littéralement la chambre du feu où les fagots de bois sont entassés. Un crochet ou deux crochets en bois pour suspendre l’outre à eau «ayedidh». Dans un coin se trouve, caché, le tas de fumier où on jette les ordures ménagères et qui sert aussi de latrines «Agudi». Les murs de la maison «akham» sont en pierre, et le toit en tuiles (dites romaines) ou, plus rarement, en chaume. La toiture est soutenue par des piliers (troncs d’arbres) «Ijga, (singulier : Ajgou)». Chaque couple possède une maison ou «takhamt» (une chambre).

La base de la maison est souvent de forme rectangulaire. La maison est alors allongée. La porte se situe usuellement au centre de la façade la plus longue. La maison porte peu de fenêtres. Souvent situées sur les flans de la maison, elles sont rectangulaires et placée verticalement. De taille petite elle ne comporte qu’un seul volet, souvent en bois, sans aucune entre-ouverture.

La maison ne comporte qu'une seule très grande pièce. La vie commune est en effet de règle. Elle comporte une plate-forme de terre battue ou de bouse séchée «aouens». Une partie du sol est en contrebas : c'est «adaynin», qui sert d'étable. Une banquette en maçonnerie le sépare de la pièce commune. En bas de la banquette sont creusées les mangeoires «el medoued». Une soupente est aménagée au-dessus de «adaynin», qui fait office de grenier «taaricht». Elle est éclairée par une lucarne.

La pièce principale comporte une banquette en maçonnerie «lakdar». L'intérieur comporte des réduits où des ustensiles sont rangés « thikouatine (singulier : thakouat)» et des deux cotés sont disposées les jarres pour le grain, l’huile et les figues séchées (ikufan, singulier : akoufi); ( takhabith, en plus grand achebali) façonné en argile. C'est dans cette pièce que se trouve le foyer (el-kanoune) creusé à même le sol, pour cuisiner et se chauffer. Enfin, dans cette pièce se dresse le métier à tisser traditionnel, «azetta».

Cette construction permet de préserver du froid en hiver et de la chaleur en été. Cette maison peut sembler modeste : elle l'est. C'est celle du paysan kabyle et de sa femme, souvent pauvres, et qui travaillent durement pour nourrir la famille.

Aujourd’hui, chaque village possède encore ce type de maisons. Toutefois, le retour des familles, autrefois exilées vers les grandes villes, révèle son coté pervers puisque les      « revenants » ont acquis un nouveau style architectural qui est celui de la ville. Moins couteux en temps et énergie, la brique et le béton remplacent la pierre et la tuile. Faute de gout direz-vous. Possible. Faute de sensibilisation sans doute. Notre patrimoine architectural est menacé car, malheureusement, ces maisons tombent en ruine, et les nouvelles constructions qui les remplacent n'ont aucun charme et contrastent dramatiquement avec l’harmonie traditionnelle.

PART 2 : Trésors intérieurs

 

Si de l’extérieur nos maisons offrent un joli spectacle à voir, c’est de l’intérieur qu’elles révèlent leurs plus beaux secrets. En effet, les meubles incorporés à l’architecture intérieure de la maison sont des vestiges incomparables. Ils sont devenus des objets usuels partie entière du quotidien de nos grands-parents. En voici quelques uns, des plus traditionnels :

 

" AKOUFI " grands silo, fait en argile, pour recevoir le grain et les figues séchées, disposé  des deux cotés de LAKDAR (ikufan, singulier : akoufi).

« Thatabrith » ou « Thakhabith » ou bien « Achebali » grande jarre pour l’huile.

« LAKDAR » (banquette de deux mètres de haute sur une longueur de quatre mètres) avec des réduits (Thikouatine, singulier Takouat) où sont rangés les ustensiles et les provisions.

 

« Taarichth » sous pente confectionnée avec des troncs d’arbre au dessus de (Adaynine) pour entreposer le fourrage (paille et foin) ainsi que les outils non utilisés ou rarement utilisés.





PART 3 : Portes typiques

Voici un panorama des types de portes que l’on peut trouver dans les villages d’Ith Yaala :

 

 

L’un des aspects les plus typiques des maisons d’Ith Yaala est la porte d’entrée. Quelle soit la porte principale (celle qui donne sur la cour de la maison) ou la porte de «thakhamt» (des pièces) elle est unique en son genre.


L’entrée principale contient souvent une double porte, ou un portail à double ventaux, avec une ouverture sur l’un des ventaux pour l’entrée des personnes. Elle est à usage multiple puisqu’autre fois elle laissait entrer l’âne ou le mulet pour décharger, l’eau, le foin qu’on rempli  dans de grand filets (THICHBEKHTH) pour faciliter le transport, les olives et autres fruits cueillis des champs, aujourd’hui elle laisse entrer la voiture dans la cour intérieure.








Certaines maisons avait un (ASQIF) une partie de la cour aménagé en petit hangar, recouverte de tuile, équipé de deux banquettes des deux coté du passage pour  faciliter le déchargement des provisions, et en été ‘est là que les familles se rassemblent.

Une autre petite porte opposée à la porte principale, pour accéder à (TAFRAGHTH) petit potager aménagé derrière la maison.

Les fenêtres sont souvent orienter vers l’intérieur de la cour (LAMRAH), rarement une lucarne (ARIGH) est aménagée vers l’extérieur pour surveillé l’extérieur de la maison et faciliter l’entrée d’air et de lumière.

Les maisons d’aith yaala sont simples, ce sont celles de paysans, regroupées en villages elles se font face, elles sont construites côte à côte en harmonie avec le terrain qui est toujours en pente plus ou moins raide.

PART 4 : les toitures

 

le toit est exclusivement en tuiles traditionnelles romaine.

La toiture est soutenue par des poutres (troncs d’arbres, ormeaux et peupliers) « Ijga » singulier «Ajgou », une nappe de traverses en bois « AKHTOR » pluriel « IKHOTRANE » recouverte d’argile mélangée à de la paille pour soutenir la tuile, au dessus et aux extrémités, plusieurs rangées de pierres posées sur les tuiles, afin de celles-ci ne soit soulevées par le vent.

 


 


















PART 5 : Nouvelles constructions au style traditionnel


Presque toutes les nouvelles constructions édifiées ces dernières années sont d’une architecture médiocre, avec balcon et terrasse.


Qui contraste dramatiquement le paysage et qui déforme l’harmonie des villages.

Surtout depuis l’avènement des aides à la construction accordées par l’état aux citoyens, ceux qui ont bénéficié de
cette aide et à défaut de moyens financiers complémentaires ont réalisé des maisons genre « abri-bus » ou « bâche à eau » comme on les appelle à Guenzet. 



Rare sont ceux qui construisent leurs maison traditionnellement, ou qui réparent la maison des parents.

Ces maisons sont d’une beauté incomparable à coté des premières citées plus haut.


Il est demandé à chacun de nous de réfléchir sur la manière de construire ou de restaurer sa maison .

 

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T
<br /> Yennayer 2960/2010 n liser d talwit i Tmurt n leqbayel seljemla<br /> <br /> <br />
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T
Enrichissons nous de nos différences<br /> <br /> S’ouvrir au monde ou périr. Partir à la rencontre de l’Autre ; des Autres pour s’enrichir mutuellement, voilà ce qu’exige le monde d’aujourd’hui. « Si tu te diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis » écrit Saint-Exupéry. Et l’académicien Léopold Sédar Senghor de lancer au monde : « Enrichissons nous de différences mutuelles ».<br /> Donc, il est important de s’enraciner dans nos valeurs traditionnelles et spirituelles et de s’ouvrir aux souffles fécondants du monde. Mais, cette ouverture ne peut se faire que dans le respect de la différence et l’acceptation de la culture de l’autre comme valeur de l’universel. Dès lors, la mondialisation ne devient plus un terme barbare, effrayant, inquiétant parce que uniformisant. Notre conviction : la culture humanise le monde. « Plus il y a de culture, moins il y a de conflit », affirme, le chanteur algérien de la Kabylie.
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M
Salut, à tous les membres de l’association de (tawerirte yakoub), et je tiens à les remercier aux efforts louables qui viennent de mener au profit du développement de leur village (tawerirte yakoub), qui est susceptible d’être le village pilote à l’évolution de l’arche de nath yala tout entier.<br /> Au sujet de restauration de l’habitat kabyle, je rejoins l’idée de Monsieur Tikka qui est considérée comme feuille de route à fin de préserver le patrimoine de notre région, mais permettez moi de vous signaler un obstacle qui pourrait obstruer (entraver) l’idée de la réalisation de ce projet, celui de :<br /> -la plupart des habitations sont délaissées, généralement en état d’indivisions entre de ses multiples héritiers.<br /> Je tiens à vous informer que un article sera publié dans mon blog, qui parlera sur le produit touristique rural et solidaire
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